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1 janvier 2007 1 01 /01 /janvier /2007 14:36
Saddam Hussein, l'inexorable chute d'un tyran

Après avoir dirigé l'Irak par la terreur pendant plus de trente ans, Saddam Hussein a été exécuté par pendaison, samedi 30 décembre, à l'issue d'un procès bâclé


Saddam Hussein lors de son procès, dimanche 5 novembre à Bagdad - (photo Furst/AP).
Saddam Hussein lors de son procès, dimanche 5 novembre à Bagdad - (photo Furst/AP).

L’histoire gardera de lui l’image d’un homme hagard, hirsute, le visage mangé par une barbe de plusieurs semaines, sorti de son trou à rats par des soldats américains le 13 décembre 2003, huit mois après la chute de son régime.

Loin, très loin de l’homme à la belle prestance qui haranguait les foules, conspuait les leaders arabes à la solde de l’Amérique et menaçait le président Bush. Celui qui dirigeait d’une main de fer son pays, faisant régner la terreur chez ses concitoyens, est tombé pour 25 millions de dollars (20 millions d’euros) de prime offerte par les Américains.

Saddam, «le cogneur» en arabe, mais aussi «l’homme qui fait face au danger», est né dans une famille paysanne sunnite d’un village proche de Tikrit (150 km au nord de Bagdad), le 28 avril 1937. Il est élevé à Bagdad dans les milieux nationalistes arabes et il fréquente, dès 18 ans, les cellules, à l’époque clandestines, du parti Baas.

Les services de renseignements, pierre angulaire du régime

Le 14 juillet 1958, la monarchie irakienne est renversée par un groupe d’officiers dirigé par le général Abdel Kassem. L’année suivante, Saddam Hussein fait partie d’un commando qui tente en vain de l’assassiner. Il doit s’exiler momentanément au Caire. Il revient et prépare, à la tête d’une milice, le coup d’État de juillet 1968, qui porte au pouvoir son cousin, le président Ahmad Hassan El Bakr, et le parti Baas.

Pendant onze ans, Saddam Hussein organise et contrôle les services de renseignements, qui seront la pierre angulaire de son régime. Car il n’a pas l’intention de rester un officier du rang. En 1979, il renverse ou pousse à la démission le président El Bakr. Il n’a que 42 ans

Rapidement, il donne un aperçu de ce dont il est capable pour se maintenir au pouvoir. Le 18 juillet, l’ensemble du parti Baas est réuni à Bagdad. Saddam Hussein prend la parole et dénonce une tentative de coup d’État ourdie par la Syrie avec des complicités irakiennes. Il invite le secrétaire général du conseil de commandement de la révolution, Mohyi Abd El Hussein, à avouer avoir conspiré contre lui et à livrer la liste de ses acolytes.

Les chiites sont persécutés

Chaque personne nommée – en tout, une soixantaine – est emmenée hors de la salle. La séance est filmée et les cassettes diffusées dans tout le pays. D’autres arrestations ont lieu. Les «traîtres» sont fusillés par les membres du cercle dirigeant invités à faire partie du peloton d’exécution.

Les éventuels opposants sont avertis. Saddam Hussein règne en despote et n’hésitera devant rien pour se maintenir au pouvoir. Ce qui explique sa longévité malgré ses erreurs politiques, comme la longue et meurtrière guerre contre l’Iran dans laquelle il lance son pays. Ou l’invasion du Koweït, suivie par la riposte américaine de la première guerre du Golfe, d’où son régime sort passablement affaibli.

Le pays, soumis à douze ans d’embargo imposé par les Nations unies, en sort exsangue. Le régime est honni par les Kurdes déportés massivement et contre qui Saddam n’hésitera pas à utiliser des gaz toxiques, faisant plus de 5 000 morts civils à Halabja.

Les chiites, majoritaires en Irak, sont persécutés. Leurs leaders sont assassinés et leurs sanctuaires de Nadjaf et Karbala bombardés lors du soulèvement chiite de 1991. « Ce n’est pas que les Irakiens aient peur de parler, ils ont peur de penser», explique l’un d’entre eux.

Un régime comparé à celui de Staline

Le régime de Saddam Hussein peut être comparé à celui de Staline. Ce qui n’empêche pas les puissants de la Terre de le fréquenter. C’est un pays riche en pétrole que l’on courtise. En 1983, les États-Unis scellent un accord de coopération militaire avec Saddam Hussein qui est le seul à pouvoir s’opposer à l’Iran des mollahs.

Donald Rumsfeld est alors venu en personne rencontrer le leader irakien à qui Washington fournit des milliards de dollars de crédits et d’équipements, y compris des souches biologiques, notamment de la maladie du charbon (anthrax). De même, la France vend deux réacteurs nucléaires à Bagdad, dont celui d’Osirak, détruit par l’aviation israélienne, et fournit des avions Super Étendard très sophistiqués. En 1975, alors qu’il le reçoit à Versailles, Jacques Chirac, premier ministre de l’époque, assure Saddam Hussein de « son estime, sa considération et son affection».

Le pouvoir du leader irakien repose sur la tribu de son village d’origine et sur le clan familial. Il place ses fils Oudaï et Koussaï à des postes clés : l’un est à la tête des médias, l’autre dirige les nombreux services de sécurité intérieure. Ils seront tués par les Américains en juillet 2003 à Mossoul. Les règlements de comptes n’épargnent pas la famille. Les deux gendres de Saddam, les frères Hussein et Saddam Kamel Al Madjid, font défection en août 1995 en Jordanie. Le raïs dit leur pardonner et, à leur retour en Irak, les fait exécuter froidement.

Un leader sanguinaire et mégalomane

Saddam Hussein est un leader sanguinaire et mégalomane. Il se rêve en héros du monde arabe, en Saladdin des temps modernes. Son délire de puissance le conduit à sa perte. En 2003, à l’arrivée des chars américains, son régime s’effondre comme un château de cartes.

Un rapport du Pentagone de plus de 200 pages, intitulé Étude sur les perspectives irakiennes, le point de vue du leadership de Saddam sur l’opération Iraqi Freedom, révèle que le leader irakien était totalement hors du coup, coupé du monde et plongé dans un univers imaginaire. Jusqu’au dernier moment, il n’a pas cru à une attaque américaine, mais plutôt à un soulèvement chiite, ou à une agression de ses voisins iraniens ou turcs.

En fait, le leader irakien pensait que Paris et Moscou arriveraient à bloquer les Américains aux Nations unies. Il était persuadé de la supériorité morale de ses troupes. Terrorisé, son entourage n’osait le contredire ou lui montrer la réalité. De l’avis de son ancien vice-premier ministre, Tarek Aziz, «il a perdu pied avec la réalité dans les années 1990». Et son entourage a contribué à l’isoler en ne lui transmettant plus que de bonnes nouvelles. Son secrétaire donne comme instruction à ceux qui l’approchent : «Vous devez le rendre heureux.»

Jusqu’à la fin, il continue de recevoir des communiqués de triomphes et ses proches lui fournissent des documents tronqués sur des programmes de fabrication d’armements qui n’existent pas. À la veille de l’invasion américaine de mars 2003, Saddam Hussein ignore encore qu’il a déjà perdu la guerre. Le mythe de son invincibilité s’effondrera vite.

Agnès ROTIVEL

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31 décembre 2006 7 31 /12 /décembre /2006 09:29
Antoine Sfeir : "Rien ne va changer en Irak"
Propos recueillis par Laurent Suply (lefigaro.fr).
 Publié le 30 décembre 2006
Actualisé le 30 décembre 2006 : 18h56
 
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Antoine Sfeir est le directeur de la rédaction des Cahiers de l’Orient, et l’auteur de
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Antoine Sfeir est le directeur de la rédaction des Cahiers de l’Orient, et l’auteur de "Vers l’Orient compliqué" (Grasset).
AFP.
Antoine Sfeir est le directeur de la rédaction des Cahiers de l’Orient, et l’auteur de "Vers l’Orient compliqué" (Grasset). Interrogé par lefigaro.fr, il revient sur les conséquences probables de la pendaison du raïs déchu.
 
Lefigaro.fr : Bush se félicite de l’exécution de Saddam Hussein tout en admettant que la violence ne cessera pas. Quel futur attend l’Irak selon vous ?
 
Antoine Sfeir : Rien ne va changer, si ce n’est que la guerre civile qui n’en porte pas le nom va se radicaliser, surtout du côté sunnite. N’oublions pas qu’il y avait deux millions de personnes encartées au parti Baas. La violence ne va pas exploser d’un coup, mais elle augmentera selon la même courbe exponentielle qu’aujourd’hui.
 
La disparition de Saddam Hussein peut-elle entraîner l’émergence d’un nouveau leader irakien qui ne soit pas un islamiste radical ?
 
Oui, c'est possible. Par exemple Tarek Aziz (ex-bras droit de Saddam, ndlr), même s’il est chrétien. Aujourd’hui, ils ont tué Saddam, mais ils ont revivifié le symbole. Souvenons nous de ses dernières paroles (« J'espère que vous resterez unis et je vous mets en garde: ne faites pas confiance à la coalition iranienne », ndlr). Il a ainsi désigné à ses partisans leur ennemi : une alliance Iran-Etats-Unis.
 
Le moment choisi pour cette exécution, quelques heures avant la fête de l’Aïd, risque-t-elle provoquer une vague de colère chez les Musulmans d’Irak ou d’ailleurs ?
 
Probablement pas, parce que Saddam ne mobilise plus depuis longtemps. Mais c’est incontestablement une maladresse ridicule. La veille de la fête, les musulmans pratiquent déjà le jeûne, les pèlerins sont déjà à la Mecque. De plus, la pendaison est un châtiment habituellement réservé aux malfrats… Les sunnites vont commencer à se demander s’ils ne sont pas sacrifiés sur l’autel d’une alliance Iran-USA. 
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30 décembre 2006 6 30 /12 /décembre /2006 07:44
Saddam Hussein "a payé"
Crédit Photo : TF1/LCI 
Les prévenus au procès du massacres de villageois chiites de Doujaïl en 1982. Au 1er plan à droite, Saddam Hussein.

Pour George W. Bush, la mort de Saddam Hussein marque la "fin d'une année difficile pour le peuple irakien". Paris a "pris acte de l'exécution".

"Quelle que soit la position des gens sur la peine de mort, nous devons respecter le droit des Etats à prononcer des jugements", commente l'Australie.

- le 30/12/2006 - 07h17

 

    - en Irak : la nouvelle de l'exécution de Saddam Hussein a été accueillie samedi par une multitude de tirs de joie à Najaf, ville sainte chiite du sud de l'Irak. A Bagdad, quelques rafales ont résonné brièvement, également en direction des quartiers majoritairement chiite, mais la situation semblait normale à l'aube dans la ville, alors que les muezzins appelaient à la prière.

    - aux Etats-Unis : George W. Bush a souligné que l'exécution marquait la "fin d'une année difficile pour le peuple irakien et pour les soldats" (américains). Mais, a-t-il prévenu depuis son ranch du Texas, cette mort ne mettra pas fin aux violences en Irak.

    - en France : Paris, tout en rappelant son opposition à la peine de mort, a "pris acte de l'exécution" et "appelé tous les Irakiens à regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationale".

    - au Royaume-Uni : Saddam Hussein "a payé", a déclaré la ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, tout en rappelant que "le gouvernement britannique ne soutient pas le recours à la peine de mort en Irak ni nulle part ailleurs".

    - en Australie : ce pays, fervent allié de la politique américaine en Irak, a indiqué samedi qu'il "respectait" la décision des autorités irakiennes d'exécuter par pendaison l'ex-président irakien Saddam Hussein malgré son opposition de principe à la peine capitale. "Quelle que soit la position des gens sur la peine de mort, et le gouvernement connaît celle du gouvernement australien en la matière, nous devons également respecter le droit des Etats souverains à prononcer des jugements concernant des crimes commis contre leur peuple dans leurs juridictions", a indiqué le ministre australien des Affaires étrangères Alexander Downer. 

    - le Japon a pris acte de l'exécution de Saddam Hussein. "Il s'agit d'une décision prise par le nouveau gouvernement de l'Irak conformément à l'état de droit. Nous la respectons", a déclaré un porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères.

    - en Malaisie : l'exécution de Saddam Hussein risque d'entraîner un regain des violences en Irak, où le gouvernement doit rapidement restaurer la confiance, a estimé le pays qui assure la présidence de l'Organisation de la conférence islamique (OCI).

    - réactions d'ONG : "Saddam Hussein était responsable de terribles et nombreuses violations des droits de l'homme, mais ces actes, aussi brutaux soient-ils, ne peuvent justifier son exécution, une punition cruelle et inhumaine", a déclaré un responsable de Human Rights Watch, Richard Dicker. Il a qualifié le procès de "profondément irrégulier".

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30 décembre 2006 6 30 /12 /décembre /2006 07:39

Irak. Amnesty International trouve extrêmement regrettable la confirmation de la condamnation à mort de Saddam Hussein 26.12.2006

 

 

Flash  - 26 décembre 2006 - réf : SF06M63

 

 

Communiqué de presse de Amnesty International - France

 

 



Irak. Amnesty International trouve extrêmement regrettable la confirmation de la condamnation à mort de Saddam Hussein


Amnesty International déplore la confirmation par la cour d’Appel de la décision du Haut tribunal pénal irakien de condamner à mort Saddam Hussein et considère que le procès a été inique et entaché de graves irrégularités. L’ancien dictateur irakien a été condamné dimanche 5 novembre pour sa responsabilité dans l’homicide de 148 habitants du village d'Al Dujail, où il avait été victime d’une tentative d’assassinat en 1982. Le procès, qui s’est ouvert en octobre 2005, près de deux ans après la capture de Saddam Hussein par les forces des États-Unis, s’est terminé en juillet 2006. Prévue dans un premier temps le 16 octobre, l’annonce du verdict avait été repoussée à la demande du Haut tribunal qui souhaitait disposer d’un délai supplémentaire pour réexaminer des témoignages.

« Ce procès aurait dû contribuer de manière significative à l’avènement de la justice et de la primauté du droit en Irak, a déclaré Geneviève Sevrin, Présidente d’Amnesty International France. Il aurait dû permettre d’établir la vérité et les responsabilités pour les violations massives des droits humains perpétrées sous le régime de Saddam Hussein. En réalité, nous avons assisté à une parodie de justice, entachée de graves irrégularités qui remettent en question la capacité du tribunal, sous sa forme actuelle, a rendre la justice dans le respect des normes internationales d’équité. »

L’ingérence de la classe politique a mis à mal l’indépendance et l’impartialité du tribunal, poussant le premier juge présidant le tribunal à se retirer ; la nomination de son successeur a été bloquée et le tribunal n’a pas pris les mesures qui s’imposaient pour protéger les témoins et les avocats de la défense, dont trois ont été assassinés pendant la durée du procès. Saddam Hussein n’a pas été autorisé à consulter un avocat pendant la première année suivant son arrestation, et les plaintes de ses avocats sur le déroulement du procès ne semblent pas avoir été prises en compte par le tribunal.

« Tout accusé a le droit à un procès équitable, quelle que soit la gravité de l’accusation dont il fait l'objet, a ajouté Geneviève Sevrin, Présidente d’Amnesty International France. Ce principe très simple a été ignoré tout au long des décennies de dictature de Saddam Hussein. Son renversement offrait la possibilité de rétablir ce droit élémentaire, tout en établissant les responsabilités pour les crimes commis par le passé. Non seulement le tribunal n’a pas saisi cette occasion, mais il a en plus opté pour la peine de mort. »

Compte tenu de la gravité de ces carences du procès, Amnesty International avait demandé instamment au gouvernement irakien d’envisager d’autres options. Des juges internationaux pourraient, par exemple, rejoindre le tribunal ; ou l’affaire pourrait être transmise à un tribunal international, option qui a été proposée en septembre par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire.

Saddam Hussein a été jugé par le Haut tribunal pénal irakien, en même temps que six autres personnes, dans le cadre de l’affaire distincte de l’« opération Anfal », au cours de laquelle, en 1988, des milliers de membres de la minorité kurde d’Irak ont été victimes d’homicides, d’actes de torture et d’autres violations manifestes des droits humains.

« Condamner à mort aujourd’hui Saddam Hussein pour le seul homicide de 148 habitants du village d’Al Dujail équivaut à priver de justice et de réparation des dizaines de milliers d’autres Irakiens » constate Geneviève Sevrin, Présidente d’Amnesty International France.

 

 

 

 

 

 

 

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30 décembre 2006 6 30 /12 /décembre /2006 07:38
samedi 30 décembre 2006, 6h15
 
Saddam Hussein a été exécuté par pendaison

 

SADDAM HUSSEIN A ÉTÉ EXÉCUTÉ PAR PENDAISON
agrandir la photo

BAGDAD (Reuters) - Condamné à mort pour crimes contre l'humanité, l'ancien président irakien Saddam Hussein a été exécuté par pendaison samedi peu avant 06h00 (03h00 GMT) à l'âge de 69 ans.

Son exécution, annoncée par la chaîne de télévision Al Hourra, a été confirmée par les autorités irakiennes alors que les appels à la prière retentissaient dans Bagdad en ce jour le plus sacré du calendrier musulman, celui qui marque le début de l'Aïd el Adha, la grande fête du sacrifice.

Les détails de l'exécution sont rares mais, selon un témoin cité par la chaîne publique Irakiya, Saddam Hussein, jugé pour le massacre de Doudjaïl en 1982, est apparu comme un "homme brisé" alors qu'il montait sur l'échafaud.

Sa mort, dans un lieu qui reste inconnu, a été filmée, mais on ignore encore si les images seront diffusées par les autorités irakiennes.

Elles devraient être accueillies avec satisfaction par la majorité chiite, violemment opprimée sous son règne - les 148 victimes du massacre de Doudjaïl étaient chiites - mais pourraient alimenter davantage encore la colère de la minorité sunnite et décevoir de nombreux Kurdes, qui souhaitaient le voir jugé pour génocide contre leur communauté.

BUSH: "UNE ÉTAPE IMPORTANTE"

Aux Etats-Unis, le président George Bush a estimé que la mort de Saddam Hussein constituait une "étape importante" du processus de démocratisation de l'Irak.

"Faire rendre justice à Saddam Hussein ne mettra pas un terme à la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur le chemin de la démocratie en Irak, une démocratie qui pourra se gouverner, se soutenir et se défendre par elle-même", écrit-il dans un communiqué diffusé de son ranch texan de Crawford.

A Londres, la ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, a estimé que Saddam Hussein, "jugé par un tribunal irakien pour une partie au moins des crimes effrayants qu'il a commis contre le peuple irakien", a "rendu des comptes".

La France, qui avait pris la tête du camp du "non" à l'intervention militaire de mars 2003, a simplement "pris acte" de son exécution et appelé "tous les Irakiens à regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationale".

PROCÈS CHAOTIQUE

Pratiquement trois ans jour pour jour après sa capture dans une cache de sa région natale de Tikrit, près de trois décennies après son arrivée au pouvoir à Bagdad, l'existence de Saddam Hussein s'est achevée au bout d'une corde.

Sa fille Raghd, qui vit en exil en Jordanie, a demandé à ce que son corps soit inhumé "temporairement au Yémen jusqu'à ce que l'Irak soit libéré et qu'il puisse être réinhumé en Irak", a rapporté une source proche de la famille.

L'ancien président irakien, renversé en avril 2003, avait été condamné à mort pour crimes contre l'humanité le 5 novembre dernier. Sa condamnation, au terme d'un procès souvent chaotique, avait été confirmée mardi dernier en appel.

Jusqu'au dernier moment, le gouvernement irakien a gardé le secret sur les détails de son exécution, qui intervient le jour où débute l'Aïd el Adha, la grande fête musulmane du sacrifice.

Des associations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé les conditions jugées inéquitables du procès d'un homme dont le règne a été marqué par des atteintes massives aux droits de l'homme et des répressions sanglantes.

"L'exécution précipitée de Saddam Hussein constitue tout simplement une erreur", a réagi Larry Cox, directeur exécutif d'Amnesty International-USA. "Cela signifie un déni de justice pour les victimes innombrables qui ont enduré des souffrances innommables pendant son régime et qui n'ont désormais plus la possibilité d'obtenir justice."

"JE M'OFFRE EN SACRIFICE"

Avec son exécution s'achève en effet le cycle des procès esquissés contre l'ex-raïs, qui comparaissait depuis l'été dernier dans le cadre d'une autre procédure, pour génocide cette fois, liée aux massacres de Kurdes lors de la campagne Anfal - dont le gazage d'Halabja, où quelque 5.000 personnes ont péri en mars 1988.

Dans une lettre écrite après sa condamnation, l'ex-raïs se disait prêt à se sacrifier pour l'Irak, dont il s'est présenté jusqu'au dernier moment comme le président légitime.

"Je m'offre en sacrifice. Si Dieu le tout-puissant le désire, elle (mon âme) ira là où il me l'ordonnera, avec les martyrs", affirmait l'ancien président irakien dans cette lettre manuscrite obtenue auprès de ses avocats, en Jordanie.

Sous son règne, l'Irak s'était engagé dans les trois grands derniers conflits du Moyen-Orient: la guerre contre l'Iran (1980-88) et la guerre du Golfe consécutive à l'invasion du Koweit (janvier 1991) avaient laissé l'Irak exsangue malgré ses richesses pétrolières.

L'intervention de mars 2003 et le cycle de violences et de représailles dans lequel il s'est enfoncé font désormais craindre à certains que le pays entre en guerre civile.

 

 

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27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 11:20
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27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 11:17
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27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 11:14

Le pape Benoît XVI: "le monde a un besoin urgent du dialogue entre foi et raison"

Synthèse et texte officiel de la troisième partie du discours du Saint Père Benoît XVI (1ère partie Benoît XVI - 2ème partie Benoît XVI )

Dialogue entre foi et raison
Benoît XVI a ensuite abordé la question du dialogue rappelant ses entretiens avec le philosophe Jürgen Habermas, qui avait dit que "nous aurions besoin de penseurs capables de traduire les convictions codées de la foi chrétienne dans le langage du monde sécularisé pour les rendre ainsi à nouveau efficaces".

"En effet, - a observé Benoît XVI -  il devient toujours plus évident que le monde a un besoin urgent du dialogue entre foi et raison. ", c'est surtout plus évident quand "la capacité cognitive de l'homme, sa domination sur la matière à travers la force de la pensée, a accompli entre-temps des progrès alors inimaginables" et "le pouvoir de l'homme, qui s'est accru entre ses mains grâce à la science, devient toujours plus un danger qui menace l'homme lui-même et le monde".

"La foi dans ce Dieu qui est la Raison créatrice de l'univers en personne, doit être accueillie par la science de façon nouvelle comme un défi et une chances. Et cette foi doit reconnaître à nouveau son ampleur intrinsèque et son bien-fondé. La raison a besoin du Logos qui est à l'origine de tout et qui est notre lumière; la foi, pour sa part, a besoin du dialogue avec la raison moderne, pour se rendre compte de sa grandeur et être à la hauteur de ses responsabilités".

En abordant la question du dialogue entre les religions, le Pape a dit ensuite que "la raison sécularisée n'est pas en mesure d'entrer dans un véritable dialogue avec les religions", et a signalé que "si elle demeure fermée face à la question sur Dieu, cela finira par conduire à l’affrontement entre les cultures".

À ce sujet, Benoît XVI a réaffirmé que " les religions doivent se rencontrer dans le cadre de leur devoir commun de se placer au service de la vérité et donc de l'homme".

Voyage en Turquie
Un autre important sujet du discours à la Curie a été le voyage apostolique en Turquie, qui "m'a offert l'occasion de manifester aussi publiquement mon respect de la religion musulmane". Le Pape a observé que dans le dialogue avec l'Islam il est nécessaire de tenir compte que "le monde musulman se trouve aujourd'hui avec une grande urgence face à une tâche très semblable à celle qui fut imposée aux chrétiens à partir du siècle des Lumières et à laquelle le Concile Vatican II a apporté des solutions concrètes pour l’Eglise catholique au terme d’une longue et difficile recherche".

"D'une part, nous devons nous opposer à la dictature de la raison positiviste, qui exclut Dieu de la vie de la communauté et de l'organisation publique" ; mais il a signalé que d'autre part, "il est nécessaire d'accueillir les véritables conquêtes de la philosophie des Lumières, les droits de l'homme et en particulier la liberté de la foi et de son exercice".

"Le monde islamique - a ajouté Benoît XVI -, avec sa tradition propre, se trouve face à la grande tâche de trouver les solutions adaptées à cet égard. Le contenu du dialogue entre chrétiens et musulmans consistera en ce moment en particulier à se rencontrer dans cet engagement en vue de trouver les solutions appropriées."

Ensuite, le Saint Père a parlé de sa rencontre avec le Patriarche oecuménique Bartolomé I à Istanbul. "Nous avons fait l'expérience d'une unité profonde dans la foi et nous prierons le Seigneur avec encore plus d'insistance afin qu'il nous donne bientôt la pleine unité dans le partage commun du Pain", et a ajouté : "Espérons et prions pour que la liberté religieuse, qui correspond à la nature profonde de la foi et est reconnue dans les principes de la Constitution turque, trouve dans des formes juridiques adéquates comme dans la vie quotidienne du Patriarcat et des autres communautés chrétiennes une réalisation concrète toujours croissante".

Appel à la paix
Benoît XVI a consacré les derniers paragraphes de son discours étendu au thème de la paix. "Nous devons apprendre que la paix ne peut être atteinte uniquement de l'extérieur à travers des structures et que la tentative de l'établir par la violence ne conduit qu'à une violence supplémentaire" ;  a dit le Souverain Pontife.

"Nous devons apprendre que la paix ne peut exister que si la haine et l'égoïsme sont surmontés de l'intérieur. L'homme doit être renouvelé de l'intérieur, il doit devenir un homme nouveau, différent. Ainsi, la paix dans ce monde demeure toujours faible et fragile. Nous en souffrons.  ".

"Aide-nous afin que la raison de la paix l'emporte sur la folie de la violence!", il a conclu.

Texte officiel 3ème partie

Troisième et dernière partie du discours que le pape Benoît XVI a prononcé en présence des cardinaux et des membres de la Famille pontificale et de la Curie romaine qu’il a reçus dans la salle Clémentine du Palais apostolique pour leur présenter ses vœux de Noël, vendredi 22 décembre.

L'autre grand thème lié à celui de Dieu est le thème du dialogue. Le cercle intérieur du dialogue complexe qui est aujourd'hui nécessaire, l'engagement de tous les chrétiens pour l'unité, est apparu de façon évidente au cours des Vêpres oecuméniques dans la Cathédrale de Ratisbonne, où, outre les frères et sœurs de l'Eglise catholique, j'ai pu rencontrer de nombreux amis orthodoxes, et chrétiens évangéliques. Dans la récitation des Psaumes et dans l'écoute de la Parole de Dieu, nous étions tous réunis, et il est significatif que cette unité nous ait été donnée. La rencontre avec l'Université était consacrée - comme il se doit - au dialogue entre foi et raison. A l'occasion de ma rencontre avec le philosophe Jürgen Habermas, il y a quelques années, à Munich, ce dernier avait dit que nous aurions besoin de penseurs capables de traduire les convictions codées de la foi chrétienne dans le langage du monde sécularisé pour les rendre ainsi à nouveau efficaces. En effet, il devient toujours plus évident que le monde a un besoin urgent du dialogue entre foi et raison. Emmanuel Kant, en son temps, avait vu exprimée l'essence de la philosophie des Lumières dans le dicton «sapere aude» : dans le courage de la pensée qui ne laisse aucun préjugé la mettre dans l’embarras. Eh bien, la capacité cognitive de l'homme, sa domination sur la matière à travers la force de la pensée, a accompli entre-temps des progrès alors inimaginables. Mais le pouvoir de l'homme, qui s'est accru entre ses mains grâce à la science, devient toujours plus un danger qui menace l'homme lui-même et le monde; La raison visant entièrement à s'emparer du monde n'accepte plus de limites. Elle est sur le point de traiter désormais l'homme lui-même comme le simple sujet de sa production et de son pouvoir. Notre connaissance s'accroît, mais dans le même temps, on assiste à un aveuglement progressif de la raison en ce qui concerne ses propres fondements; en ce qui concerne les critères qui lui confèrent son orientation et son sens. La foi dans ce Dieu qui est la Raison créatrice de l'univers en personne, doit être accueillie par la science de façon nouvelle comme un défi et une chance. Réciproquement, cette foi doit reconnaître à nouveau son ampleur intrinsèque et son bien-fondé. La raison a besoin du Logos qui est à l'origine de tout et qui est notre lumière; la foi, pour sa part, a besoin du dialogue avec la raison moderne, pour se rendre compte de sa grandeur et être à la hauteur de ses responsabilités. C'est ce que j'ai tenté de souligner dans mon discours à Ratisbonne Il s'agit d'une question qui n'est absolument pas de nature uniquement académique ; notre avenir à tous est contenu dans cette question.

A Ratisbonne, le dialogue entre les religions ne fut évoqué que de façon marginale et sous un double point de vue. La raison sécularisée n'est pas en mesure d'entrer dans un véritable dialogue avec les religions. Si elle demeure fermée face à la question sur Dieu, cela finira par conduire à l’affrontement entre les cultures. L'autre point de vue concernait l'affirmation selon laquelle les religions doivent se rencontrer dans le cadre de leur devoir commun de se placer au service de la vérité et donc de l'homme.

La visite en Turquie m'a offert l'occasion d'exprimer également publiquement mon respect pour la religion musulmane, un respect, d'ailleurs, que le Concile Vatican II (cf. Déclaration
Nostra Aetate, n. 3), nous a indiqué comme un devoir. Je voudrais à présent exprimer une fois de plus ma gratitude envers les Autorités de la Turquie et envers le peuple turc, qui m'a accueilli avec une si grande hospitalité et qui m'a offert des journées de rencontre inoubliables. Dans un dialogue à intensifier avec l'Islam, nous devrons garder à l'esprit le fait que le monde musulman se trouve aujourd'hui avec une grande urgence face à une tâche très semblable à celle qui fut imposée aux chrétiens à partir du siècle des Lumières et à laquelle le Concile Vatican II a apporté des solutions concrètes pour l’Eglise catholique au terme d’une longue et difficile recherche. Il s'agit de l'attitude que la communauté des fidèles doit adopter face aux convictions et aux exigences qui s'affirment dans la Philosophie des Lumières. D'une part, nous devons nous opposer à la dictature de la raison positiviste, qui exclut Dieu de la vie de la communauté et de l'organisation publique, privant ainsi l'homme de ses critères spécifiques de mesure. D'autre part, il est nécessaire d'accueillir les véritables conquêtes de la philosophie des Lumières, les droits de l'homme et en particulier la liberté de la foi et de son exercice, en y reconnaissant les éléments essentiels également pour l'authenticité de la religion. De même que dans la communauté chrétienne, il y a eu une longue recherche sur la juste place de la foi face à ces convictions — une recherche qui ne sera certainement jamais conclue de façon définitive — ainsi, le monde musulman également, avec sa tradition propre, se trouve face à la grande tâche de trouver les solutions adaptées à cet égard. Le contenu du dialogue entre chrétiens et musulmans consistera en ce moment en particulier à se rencontrer dans cet engagement en vue de trouver les solutions appropriées. Nous chrétiens, nous sentons solidaires de tous ceux qui, précisément sur la base de leur conviction religieuse de musulmans, s'engagent contre la violence et pour l'harmonie entre foi et religion, entre religion et liberté. En ce sens, les deux dialogues dont j'ai parlé s’interpénètrent.

Enfin, à
Istanbul, j'ai pu vivre une fois de plus des heures heureuses de proximité œcuménique lors de la rencontre avec le Patriarche œcuménique Bartholomaios Ier. Il y a quelques jours, il m'a écrit une lettre dont les paroles de gratitude provenant du plus profond du cœur m'ont fait revivre l'expérience de communion de ces journées. Nous avons fait l'expérience d'être frères non seulement sur la base de paroles et d'événements historiques, mais du plus profond de l'âme; d'être unis par la foi commune des Apôtres jusque dans notre pensée et nos sentiments personnels. Nous avons fait l'expérience d'une unité profonde dans la foi et nous prierons le Seigneur avec encore plus d'insistance afin qu'il nous donne bientôt la pleine unité dans le partage commun du Pain. Ma gratitude profonde et ma prière fraternelle vont en cette heure au Patriarche Bartholomaios et à ses fidèles, ainsi qu'aux diverses communautés chrétiennes que j'ai pu rencontrer à Istanbul. Espérons et prions pour que la liberté religieuse, qui correspond à la nature profonde de la foi et est reconnue dans les principes de la Constitution turque, trouve dans des formes juridiques adéquates comme dans la vie quotidienne du Patriarcat et des autres communautés chrétiennes une réalisation concrète toujours croissante.

«Et erit iste pax» — telle sera la paix, dit le prophète Michée (5, 4) en ce qui concerne le futur dominateur d'Israël, dont il annonce la naissance à Bethléem. Aux pasteurs qui gardaient leurs brebis dans les champs autour de Bethléem, les anges dirent: celui que l’on attendait est arrivé. «Sur la terre paix aux hommes» (Lc 2, 14). Lui-même a dit à ses disciples: «Je vous laisse la paix; c'est ma paix que je vous donne» (Jn 14, 27). C'est de ces paroles que s'est développé le salut liturgique: «La paix soit avec vous». Cette paix qui est communiquée dans la liturgie est le Christ lui-même. Il se donne à nous comme la paix, comme la réconciliation au-delà de toute frontière. Là où Il est écouté se multiplient les îlots de paix. Nous, hommes, aurions voulu que le Christ bannisse une fois pour toutes les guerres, qu'il détruise les armes et établisse la paix universelle. Mais nous devons apprendre que la paix ne peut être atteinte uniquement de l'extérieur à travers des structures et que la tentative de l'établir par la violence ne conduit qu'à une violence supplémentaire. Nous devons apprendre que la paix - comme le disait l'ange de Bethléem - est liée à l'eudokia, à l'ouverture de nos cœurs à Dieu. Nous devons apprendre que la paix ne peut exister que si la haine et l'égoïsme sont surmontés de l'intérieur. L'homme doit être renouvelé de l'intérieur, il doit devenir un homme nouveau, différent. Ainsi, la paix dans ce monde demeure toujours faible et fragile. Nous en souffrons. C'est précisément pour cela que nous sommes d'autant plus appelés à nous laisser pénétrer intérieurement par la paix de Dieu, et à apporter sa force dans le monde. Dans notre vie doit se réaliser ce qui a eu lieu en nous dans le Baptême de façon sacramentelle: la mort de l'homme ancien et ainsi la renaissance de l'homme nouveau. Et nous prierons toujours à nouveau le Seigneur avec insistance: Secoue nos cœurs! Fais de nous des hommes nouveaux! Aide-nous afin que la raison de la paix l'emporte sur la folie de la violence! Fais de nous les messagers de ta paix!

Que la Vierge Marie, à laquelle je vous confie, ainsi que votre travail, nous obtienne cette grâce. A chacun de vous ici présent et aux personnes qui vous sont chères, je renouvelle mes vœux les plus fervents, tandis que je vous donne avec affection ma Bénédiction apostolique, en l'étendant aux collaborateurs des divers dicastères et Bureaux de la Curie Romaine et du Governorat de l'Etat de la Cité du Vatican. Bon Noël et tous mes vœux également pour la Nouvelle Année.

Fin du discours du pape Benoît XVI
 

Sources: © Copyright du texte original en italien : Libreria Editrice Vaticana - ZF06122508

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 26.12.2006 - BENOÎT XVI

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27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 09:09
La solution, l’immunisation du Liban contre les ingérences
L'article de Michel HAJJI GEORGIOU


Le président de la Chambre, Nabih Berry, aurait commencé à œuvrer en coulisses, hier, dit-on, sur une nouvelle initiative qui devrait aboutir à une nouvelle conférence interlibanaise de dialogue entre les différents chefs, hors du pays, en Arabie saoudite, à l’invitation du royaume wahhabite.
Il y a dix-sept ans, à Taëf, en Arabie saoudite, les principaux acteurs libanais concluaient un accord, sous l’auspice des États-Unis et de la Ligue arabe, dont l’objectif était de réformer le système politique libanais, de mettre fin à la guerre et de consacrer le pacte de convivialité. Élaboré dans le cadre d’un rapport de force international plus favorable à la satellisation du Liban qu’à son indépendance, l’accord avait débouché, de facto, sur l’occupation syrienne du pays et sur une défiguration du système consensuel.
Dans la pratique, le système, qui aurait dû recréer, régénérer des équilibres indispensables au fonctionnement de la société politique libanaise après quinze ans de guerre, a été transformé par Damas en appareil de domination des uns et des autres, et des uns sur les autres, en fonction de la célèbre formule machiavélienne du « s’il s’abaisse, je le vante ; s’il se vante, je l’abaisse ». L’un des résultats de cette équation répressive a été la marginalisation des principaux courants chrétiens, fortement hostiles à la politique syrienne au Liban, et le renforcement des trois autres composantes communautaires du pays, mais toujours dans le cadre des limites imposées par le régime syrien.
Au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri, c’est l’ensemble du verrou syrien qui a sauté, mettant à nu l’ensemble des contradictions interlibanaises alimentées par Damas durant son « mandat » sur le Liban pour mieux régner. Si le Printemps de Beyrouth a conduit, sur la scène nationale, au retrait syrien, sa dynamique est restée incomplète, parce qu’il n’a pas abouti à un rééquilibrage du système, sans parler du changement global qui aurait dû se produire à tous les niveaux : dans la pratique, dans le discours, dans le fonctionnement.
La conférence de dialogue, censée déboucher sur un nouveau modus vivendi interne qui aurait pu aboutir à un rééquilibrage du système, a eu l’effet contraire. Elle n’a pu compenser ni la crise d’identité du système politique consécutive à la levée de la mainmise syrienne, ni l’affolement ultracommunautaire des législatives 2005, ni la quasi-paralysie institutionnelle née du compromis, probablement nécessaire, mais certainement boiteux, entre les membres de la bien éphémère alliance quadripartite. Sans oublier l’ostracisme qui a frappé le général Michel Aoun et le Courant patriotique libre, et qui a été ressenti, dans certains milieux chrétiens, comme une nouvelle tentative de marginaliser cette composante du tissu socio-communautaire libanais.
Dans cette même crise existentielle, le système politique libanais a été entraîné dans une contre-réaction au Printemps de Beyrouth, avec, en toile de fond, une partie d’échec américano-syrienne et américano-iranienne. Il y a eu la guerre de juillet, et, accumulation de crises oblige, ces manifestations de décembre qui se poursuivent dans le centre-ville. Le système reste toujours à la recherche de son rééquilibrage, et les acteurs du système cherchent à maximiser leurs gains pour pouvoir continuer à exister politiquement. Et, naturellement, ainsi que l’écrivait Michel Chiha il y a soixante ans déjà, ce repositionnement communautaire se fait au détriment de l’État.
De cet indescriptible chaos qui ravage actuellement le pays, et qui menace d’éroder une paix civile encore conquérante grâce à des garde-fous quand même fragiles, il faudra bien qu’émerge un compromis, si l’on ne veut pas abattre sur nous-mêmes les fondations du pays. Ces deux dernières années ont montré qu’aucune des parties, ni les forces qui ont rendu hommage le 14 février 2006 à la mémoire de Rafic Hariri ni celles qui ont déferlé vers le centre-ville le 10 décembre dernier, ne peut prétendre accaparer le pays, l’enferrer dans une seule logique, même si la perspective de la victoire finale d’une tendance sur une autre continue inlassablement de tenter chacun des camps.
La confrontation a eu pour effet de mener au blocage total. La guerre sur les priorités internes, alimentée par les différents acteurs régionaux, empêche toute solution. La méfiance règne. La majorité accuse l’opposition de tout faire pour saboter la mise en place du tribunal international. L’opposition accuse la majorité de tout faire pour empêcher une participation équitable et équilibrée au pouvoir. Le cabinet veut faire chuter le président de la République, au mandat prorogé sous la pression, et saisir les armes du Hezbollah. La minorité considère le gouvernement Siniora comme illégal, illégitime et démissionnaire. Le Hezbollah chiite est accusé de continuer à vouloir exister comme un État dans l’État en maintenant ses armes, le Courant du futur sunnite de chercher à fomenter un complot avec l’aide des États-Unis, d’Israël et de l’Arabie saoudite pour imposer l’implantation palestinienne. Les courants chrétiens, entre-temps, se disputent la représentation, en recherchant, chacun de son côté, un moyen d’influer sur une équation dans laquelle ils ne sont plus des décideurs – du moins à l’heure actuelle.
L’impasse est absolue.
C’est dans ce sens que, par-delà le statu quo qui paralyse le pays, et après l’échec de la médiation menée par le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, l’idée d’une initiative saoudienne a été lancée par Ryad et proposée au président de la Chambre, Nabih Berry. Une initiative qui fait son chemin, puisqu’il est désormais question, mais timidement encore, d’un « nouveau Taëf », c’est-à-dire d’un nouvel accord entre les différentes parties libanaises, qui viendrait jouer le rôle de conférence de refondation du système politique.
Cependant, même s’il est bon d’applaudir déjà à une telle initiative sur le principe, il ne faudrait pas qu’elle réitère l’expérience ratée du dialogue, de cette dynamique parnassienne de pourparlers, rien que pour l’art de converser. L’initiative se doit d’être fructueuse. S’il existe un problème interne fondamental qui complique toute solution interlibanaise, on ne saura négliger le facteur externe, c’est-à-dire la lutte géopolitique régionale actuelle, qui entrave totalement la mise en place d’un règlement. Preuve en est, la solution au Liban dépend largement aujourd’hui d’un dialogue syro-saoudien, s’il faut en croire des sources ministérielles.
La grande faiblesse de Taëf, qui a ouvert la voie au rapt de l’accord par la Syrie, c’est qu’il n’a pas bridé les aspirations et les appels d’empire des puissances régionales, qu’il n’a pas mis le pays à l’abri du rapport de force international. En 1989, jugeant un accord interne incomplet pour résoudre la crise, le sociologue Theodor Hanf avait préconisé, dans un article publié par La Revue des deux mondes, l’idée d’une deuxième conférence, d’un deuxième accord sur le Liban, non plus entre les acteurs internes, mais entre les différentes puissances régionales, pour immuniser, sanctuariser définitivement le Liban. Sans quoi ce dernier continuerait à être victime des velléités des uns, des complexes des autres et des fantasmes de chacun.
Dix-sept ans plus tard, un tel accord semble plus que jamais d’une nécessité incontournable pour que les acteurs libanais puissent édifier un nouveau pacte interne, pour que le système puisse trouver un nouveau rééquilibrage. Mais dans un cadre de neutralité, et, pourquoi pas, avec une nouvelle formule de décentralisation administrative et politique suffisamment poussée pour permettre aux différents acteurs de coexister sans tension.

Michel HAJJI GEORGIOU
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27 décembre 2006 3 27 /12 /décembre /2006 09:07
Joumblatt : « Tôt ou tard, l’un de nous vengera nos martyrs »
 


Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a souligné lundi que tôt ou tard, le régime syrien devra payer pour les assassinats politiques perpétrés au Liban, « de Kamal Joumblatt à Pierre Gemayel ».
M. Joumblatt s’exprimait lors des obsèques du chef de sa sécurité personnelle, Selmane Sayour, à Rachaya, en présence de députés et de personnalités de la région, ainsi que de représentants des formations du 14 Mars.
Récemment décédé, Selmane Sayour avait été pendant trente ans responsable de la sécurité du chef du PSP. « De Kamal Joumblatt à Pierre Gemayel, en passant par Rafic Hariri, la traîtrise a une adresse unique : celle du tyran de Damas », a déclaré Walid Joumblatt dans une allocution.
« Nous résisterons. Nous résisterons aussi longtemps qu’il le faudra et nous persisterons dans le processus d’indépendance, celui de l’arabité véritable, l’arabité humaniste », a-t-il ajouté.
« Tôt ou tard, l’un de nous vengera nos martyrs, de Kamal Joumblatt à Pierre Gemayel », a-t-il dit.
Hier soir, le chef du PSP s’est rendu auprès du Premier ministre, Fouad Siniora, au Sérail, à la tête d’une délégation de la Rencontre démocratique réunissant les ministres Marwan Hamadé, Ghazi Aridi et Nehmé Tohmé.
« J’ai voulu me concerter avec le Premier ministre Siniora, en cette période difficile, pour faire face au projet de putsch politique, économique et culturel que le régime syrien tente de mener au Liban à travers ses outils locaux », a déclaré M. Joumblatt, au terme de la rencontre.
« Il ne faudra pas non plus que nous oubliions le putsch au niveau de la sécurité », a-t-il poursuivi. « La confrontation avec le régime de Damas est dure. Du point de vue de la sécurité, nous nous battons à armes inégales, mais d’un point de vue politique, nous avons résisté », a-t-il ajouté. « Et le monde libre nous a aidés dans notre confrontation avec l’axe obscurantiste syro-iranien », a-t-il dit.
« Nous verrons qui triomphera à la fin, les forces de l’obscurité et du mal ou bien les forces de la vie, celles qui ne veulent pas de destruction », a-t-il conclu.
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