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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 07:06

Le Liban n'a plus de président

Des soldats libanais déployés à Beyrouth, le 23 novembre 2007
 
Fouad Siniora conteste

Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a affirmé vendredi que son gouvernement continuerait d'assumer ses responsabilités après le départ du président sortant Emile Lahoud, dont le mandat expire ce jour à minuit.
«Le gouvernement est légitime et constitutionnel (…) Il continuera d'assumer ses responsabilités et d'exercer toutes ses prérogatives.»
A minuit, à Beyrouth, le président Emile Lahoud a quitté le palais présidentiel. Son mandat  a donc expiré sans qu'il ne soit désigné de successeur. La crise menace le pays. Reportage de notre correspondant sur place, à quelques heures de cette vacance du pouvoir.

Emile Lahoud n’avait plus que 1h30 de présidence à exercer. Dans ces dernières heures avant son départ du palais présidentiel de Baabda, il a mis a exécution la menace qu’il avait laissée planer plus tôt dans la journée.

Vers 21h30 (20h30 heure de Paris), il a confié les rênes du pays au commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Sleimane, décrétant ainsi l’état d’urgence au Liban.

Sur le terrain, l’armée libanaise quadrille la capitale et ses environs. Les transports de troupes et les blindés légers sont omniprésents, comme l’avait souhaité le Premier ministre, Fouad Siniora, au cas où la crise politique se transforme en crise sécuritaire.

Pas de couvre-feu

Concrètement, l’armée conserve la même mission, aucun couvre-feu n’étant à l’ordre du jour
Toute la classe politique libanaise s’attendait à cette manœuvre de la part du président pro-syrien. Plus tôt dans la journée, les dernières tractations entre la majorité parlementaire du gouvernement Siniora et l’opposition menée par le Hezbollah et le Courant patriotique libre de Michel Aoun ont achoppé. Ce vendredi était organisée une quatrième session parlementaire pour élire le successeur de Lahoud. Mais malgré les efforts diplomatiques de la troïka européenne (Kouchner, d’Alema et Moratinos), les deux camps ne sont pas parvenus à trouver un accord.

Casse-tête constitutionnel

L’état d’urgence décrété par le président Lahoud pose un véritable casse-tête constitutionnel au Liban. Selon la majorité, en cas de vacance du pouvoir présidentiel, le chef de l’Etat doit transférer ses pouvoirs au conseil des ministres, conseil des ministres que Lahoud considère comme «illégitime». L’opposition, sur le même longueur d’onde que le président, préfère voir le pouvoir basculer dans le camp militaire, en attendant la prochaine séance de vote parlementaire que le président du Parlement, Nabih Berri, a annoncé pour le 30 novembre prochain.

Présidentiable

Le général Sleimane se retrouve donc dans une situation délicate: cela fait des mois qu’il maintient la neutralité de l’institution militaire, ce passage de témoin apparaît donc comme un cadeau empoisonné pour ce personnage respecté par toutes les parties, et, qui plus est, présidentiable en puissance.


De notre correspondant au Liban, David Hury

 

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22 novembre 2007 4 22 /11 /novembre /2007 06:28
"Le Liban a le choix entre la médiocrité et la catastrophe"
liban drapeau
 
 

Interview - Joseph Bahout, politologue libanais, décrypte pour LCI.fr l'impasse politique avant la fin, vendredi, du mandat du président Lahoud.

Le Parlement se réunira quelques heures auparavant une dernière fois pour trouver un candidat de compromis.

Propos recueillis par Fabrice AUBERT - le 21/11/2007 - 17h37

Joseph Bahout, politologue libanais, est notamment professeur et chercheur à Sciences Po Paris.
  
 
LCI.fr : Les partis politiques n'ont pas de trouvé de compromis sur le successeur du président Lahoud (cliquez ici pour lire l'article). Un déblocage semble difficile à envisager d'ici vendredi soir. A qui la faute ? La majorité ? L'opposition ? A des éléments extérieurs ?
Joseph Bahout : Il est difficile de citer nommément un responsable. En fait, s'il y a quelqu'un à accuser, c'est l'énormité de la crise qui secoue le Liban depuis trois ans et la fragilité de la situation régionale depuis quatre ans.
 
Au niveau libanais, tout est parti de l'été 2004 et de la résolution 1559 des Nations-Unies (ndlr : texte qui affirme la souveraineté du Liban et demande le retrait des troupes syriennes) puis de l'assassinat du Rafic Hariri. Ont notamment  suivi la guerre contre Israël, les sit-in en faveur de l'opposition à Beyrouth puis la démission des ministres chiites du gouvernement. L'impasse politique actuelle n'en est que l'aboutissement, et à moins d'être naïf, ce n'est malheureusement une surprise pour personne.  Elle provient également de la crise régionale qui secoue le Moyen-Orient depuis la guerre d'Irak. Sont venus s'y ajouter le dossier du nucléaire iranien, l'acculement de la Syrie par l'Onu et la fin de règne annoncée de George W. Bush.
 
Alors, il est vrai qu'on aurait pu, comme a tenté de le faire la France, dire : "certes, il y a des problèmes. Mais mettons les de côté pour trouver une solution acceptable par tous". L'initiative est belle et louable, mais elle oublie toute la situation intérieure et extérieure.
 
LCI.fr : Un candidat de consensus serait-t-il affaibli lors de son entrée en fonctions ?
J.B. : Etant donné la situation actuelle, un accord d'ici vendredi tiendrait du miracle. S'il est néanmoins trouvé, ce président ne serait que fantoche car il aura donné trop de gages à chacune des parties. Surtout, son élection ne ferait que reporter les questions de fond. Il n'aura alors aucune solution en main pour résoudre la répartition des postes dans son gouvernement ou valider la déclaration ministérielle. La crise sera polie et policée, digne de la vie politique normale au Liban. Pour résumer, le Liban a le choix entre la médiocrité avec un nouveau président et la catastrophe.

                                       "On se dirige vers la déchirure"


LCI.fr : Que se passe-t-il le samedi 24 novembre au matin si aucun accord n'est trouvé ?
J.B. :
Plusieurs cas de figure sont envisageables. Tout d'abord, une "vacance du pouvoir". Selon la lecture communément admise de la Constitution, le pouvoir est alors donné au Conseil des ministres, mais pas au seul Premier ministre. Loin de rester sur ce statu-quo, sa tâche prioritaire sera de s'atteler à l'élection d'un nouveau président. Or après la démission des ministres chiites, le gouvernement actuel est considéré comme inconstitutionnel par l'opposition. Elle ne reconnaîtra donc pas ses prérogatives pour trouver un président.
 
Le second cas concerne l'attitude du président Lahoud. Il peut choisir de rester, mais cela ressemblerait à un "putsch" que la communauté internationale ne pourra accepter. Il peut également partir normalement mais en nommant un nouveau gouvernement, ce qui serait anticonstitutionnel. Il peut enfin s'en aller sans intervenir et créer alors un vide politique, en se contentant de demander à l'armée de maintenir l'ordre. Cette solution est semi-constitutionnelle.
 
Enfin, la majorité anti-syrienne peut décider de se réunir, en dehors du Parlement, pour élire un président à la majorité simple (ndlr : selon la Constitution, 2/3 des députés doivent être présents pour que l'élection soit valide, or la majorité n'en possède que 68 sur 127). Lahoud pourrait alors s'opposer à laisser le palais à ce président, l'opposition crierait au coup d'Etat, pourrait organiser sa propre élection d'un autre président ou appeler à la désobéissance civile dans les zones qu'elle contrôle (le Sud et le Bekaa). Cela couperait de fait le pays en deux.
 
Dans tous les cas, la question principale concerne l'attitude de l'armée. Interviendra-t-elle en faveur de l'un des deux camps ? Choisira-t-elle la neutralité ? Difficile de répondre à cette question aujourd'hui.
 
LCI.fr : Le spectre d'un retour de la guerre civile est-il réel ?
J.B. : On se dirige en effet malheureusement à un grand pas vers une déchirure qui pourra basculer à n'importe quel moment vers une confrontation sécuritaire, avec de nouveaux assassinats, surtout si la majorité élit bel et bien un président à la majorité simple. Les chiites et l'opposition chrétienne la ressentiront comme une profonde insulte.


                                        "La France joue sa crédibilité"

 
LCI.fr : La majorité bluffe-t-elle sur ce sujet ou est-elle réellement prête à le faire ?
J.B. : Une partie des députés sont tentés de procéder ainsi, notamment ceux des Forces libanaises de Samir Geagea. Saad Hariri (ndlr : le leader de la majorité anti-syrienne) est hésitant car il a tout à perdre dans un conflit et donc intérêt à trouver un compromis, tout comme Nabih Berri (ndlr : président du Parlement et chef de l'opposition). Mais ce dernier doit pour sa part tenir compte des aspirations du Hezbollah. La situation est donc encore plus troublée par les différences d'appréciations à l'intérieur des deux camps, Hariri et Berri étant tenus par des alliances qui reflètent le jeu régional.
 
LCI.fr : La France aura-t-elle perdu sa crédibilité si aucun accord n'est trouvé ?
J.B. : Jusqu'à présent, elle a mené une action solitaire en jouant son va-tout. En juillet, la conférence de la Celle-Saint-Cloud avait ainsi été très importante pour faire parler les parties entre elles. Mais maintenant, elle doit se rendre compte qu'on ne pourra pas régler la crise lors d'une visite de quelques jours à Beyrouth. Si elle va contre le maelstrom libanais, alors, elle perdra en effet sa crédibilité.

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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 06:39

Le Liban reste en attente d'un nouveau président



À 48 heures du terme du mandat d'Émile Lahoud, les principaux responsables libanais sont toujours à la recherche du prochain président de la République


Le premier ministre libanais, Fouad Libanais, au centre, avec le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner, à gauche, et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, à Beyrouth, mardi 20 novembre (Photo AP). 
Le premier ministre libanais, Fouad Libanais, au centre, avec le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner, à gauche, et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, à Beyrouth, mardi 20 novembre (Photo AP). 
Désabusés. De nombreux Libanais observaient mardi 20 novembre le ballet politique autour de l’élection présidentielle en se demandant à quoi s’attendre. « Au Liban, le chaos peut débouler de n’importe où, résumait Ziad, directeur artistique dans un journal libanais. D’un camp palestinien, d’un attentat ou d’un discours un peu trop enflammé…. En attendant, tout le monde prie pour que le Parlement choisisse un président. »

Cela fait huit semaines que la course a été lancée par le président du Parlement, Nabih Berri. Une course qui entre dans sa dernière ligne droite : une séance parlementaire prévue mardi, la quatrième depuis le 25 septembre, sera probablement reportée au vendredi 23 novembre, soit au dernier jour du mandat de l’actuel chef de l’État, le pro-syrien Émile Lahoud. Durant ces huit semaines, la majorité parlementaire de Fouad Siniora et l’opposition menée par le Hezbollah et le général Michel Aoun n’ont pas réussi à accorder leurs violons sur le nom du prochain locataire du palais de Baabda.

Cette élection est la première depuis vingt-cinq ans sans tutelle étrangère, ni syrienne, ni israélienne. « Nous n’en pouvons plus de ce mauvais feuilleton ! s’exclame, hors d’elle, Jacqueline, une secrétaire sexagénaire. Cela fait un an que nos chefs se déchirent. Quelle image donnons-nous du Liban au monde entier ? »

Dimanche soir, le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, est revenu à Beyrouth avec l’intention d’y rester jusqu’à la fin de la semaine. Excédé par l’attitude des officiels libanais, il ne comprend pas pourquoi les tractations ont capoté à nouveau lundi 19 novembre entre la majorité et l’opposition, alors que les pourparlers semblaient bien engagés.

La médiation de Kouchner, via le cardinal Sfeir, au point mort

Les opinions varient sur les responsables de l’impasse. « Depuis qu’il est revenu au Liban en 2005, Michel Aoun ne pense qu’à une seule chose, devenir président ! s’emporte Walid, un vendeur de primeurs. Et Hassan Nasrallah ! Le chef du Hezbollah déclare avoir un candidat de compromis, mais ne veut pas divulguer son identité ! Sommes-nous censés accepter un candidat sans connaître son identité ? Du coup, le patriarche maronite se mêle de l’élection, les ministres étrangers aussi, c’est comme si les hommes politiques libanais étaient incapables de prendre la moindre responsabilité. »

La médiation de Bernard Kouchner, via le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, paraissait mardi au point mort. Vendredi 16 novembre, le cardinal Sfeir avait remis une liste de candidats potentiels aux chefs de file de la majorité et de l’opposition. Selon un responsable parlant sous le couvert de l’anonymat, elle comportait les noms de trois candidats déclarés, à savoir ceux de Nassib Lahoud et Boutros Harb, soutenus par la majorité, et celui de l’opposant Michel Aoun.

Figuraient également ceux de l’avocat et député Robert Ghanem, du président du conseil d’administration de l’Union des banques arabes, Joseph Tarabay, et d’un ancien ministre des finances, Damianos Kattar. Si la majorité et l’opposition ont des candidats déclarés depuis longtemps, d’autres figures sont plus récemment entrées en lice, comme Michel Eddé, PDG du quotidien L’Orient-Le Jour, Riad Salamé, gouverneur de la banque centrale, ou le général en chef de l’armée, Michel Sleimane.

Toutes sortes de rumeurs

En quelques jours, le climat s’est en tout cas alourdi dans la capitale libanaise. Vendredi 16 novembre, en fin de journée, la capitale est entrée en ébullition, avec des embouteillages monstres. Quelques heures plus tôt, la nouvelle de tirs entre des factions palestiniennes et l’armée libanaise dans deux camps de réfugiés palestiniens venait de raviver le sanglant souvenir du conflit de Nahr-El-Bared, entre mai et septembre derniers. Par réflexe, de nombreux habitants ont retiré de l’argent aux distributeurs et ont fait des provisions dans les supermarchés.

Toutes sortes de rumeurs circulent. La plus fondée concerne le réarmement des milices. Si le Hezbollah est en position de force avec un arsenal renouvelé depuis la guerre de juillet 2006 contre Israël, d’autres factions ont cherché ces derniers mois à ne pas rester démunies. Depuis décembre dernier, la vente d’armes légères a connu un boom inquiétant. Beaucoup de Libanais, pour garantir la sécurité de leur famille, ont acheté des armes de poing.

« Avant la guerre de 2006, une kalachnikov se négociait entre 50 et 100 dollars. Cette arme en vaut aujourd’hui entre 700 et 800, affirme un revendeur chrétien qui préfère garder l’anonymat. Ces armes viennent surtout d’Irak via la Syrie, mais aussi des camps de réfugiés palestiniens. »

Le plus inquiétant, le réarmement des partis politiques

Le plus inquiétant réside dans le réarmement des partis politiques qui ont rendu leur arsenal à la fin de la guerre, en 1990. Au marché noir, le prix d’armes type lance-roquettes n’a pas bougé, mais, fin 2006, selon un observateur proche du « business militaire », des Libanais auraient passé commande, dans un émirat du Golfe, d’armements lourds pour le compte d’un parti politique de l’actuelle majorité.

« Le phénomène est encore limité, précise l’historien Joseph Chami. Il faudra vraiment prendre peur quand nous verrons des cargos débarquer leur marchandise d’armes, comme pendant la guerre de 1975. Mais il est évident qu’avec un contexte régional hasardeux, le Liban se trouve aujourd’hui sur un petit volcan. »
David HURY, à Beyrouth

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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 06:37

La Présidentielle libanaise dans le chaudron syro-iranien La crédibilité de la France au risque de sa politique étrangère

 

Beyrouth, le 20 novembre 2007, 1 h. – « Je veux savoir qui bloque et qui en portera la responsabilité… Celui qui portera la responsabilité d’avoir bloqué un processus accepté par tout le monde portera la responsabilité de la déstabilisation du Liban et de ses conséquences régionales… La France fera savoir au monde entier qui est responsable de cette situation », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, arrivé tard dans la soirée de dimanche pour son sixième voyage au Liban depuis mai dernier. Nous serions tenté de dire sa sixième mission.

Le ton était à la mesure de sa colère et de son enjeu, et d’une voix si enrouée qu’elle en était encore plus pathétique, plus pitoyable, Kouchner s’interrogeait : « Tout le monde avait dit son accord… Maintenant, je m’étonne, la France s’étonne que quelque chose ait coincé, quelque chose ait bloqué, que quelque chose ait dérapé. »

Et c’est exact « quelque chose » a dérapé. Ce qui nous étonne, c’est que le ministre des Affaires étrangères, c’est que Bernard Kouchner, supposé rompu au terrain, s’étonne !

Aujourd’hui, à moins qu’au cours de cette nuit orageuse – le tonnerre gronde et les éclairs zèbrent le ciel – quelque chose ait pu changer – j’ose dire un miracle qu’il ne semble pas que nous ayons mérité – la présidentielle libanaise est plus que jamais au fond des chaudrons irano-syriens et c’est dans ces mêmes chaudrons que se joue la crédibilité de la France.

Pour mieux comprendre ce qui va suivre, il faut revenir quelques jours en arrière, au dernier voyage de Kouchner il y a moins d’une semaine.

Paris obtient, à force de persuasion et de pression, que le patriarche maronite, le cardinal Sfeir, dresse une liste de présidentiables. Sfeir cède et remet la liste à l’ambassadeur de France. Une liste de 6 noms – certaines sources en annoncent 7. Je pense qu’elle serait en fait constituée de 6 noms. Sfeir déclarera alors : on ne dira pas que c’est nous, Eglise maronite, qui avons empêché l’élection d’un président de la République à la date fixée.

Paris était intimement convaincu que lorsque Damas, et Téhéran en écho, affirmaient vouloir ce que les Libanais voulaient et en particulier les Chrétiens, Damas et Téhéran jouaient franc-jeu en suggérant cette liste.

Les 6 noms du Patriarche sont les 2 candidats du 14 Mars, Nassib Lahoud et Boutros Harb, l’unique candidat du 8 mars, le général Aoun, 2 candidats plus ou moins proches du 14 Mars Robert Ghanem et Michel Boutros El-Khoury et enfin Michel Eddé qui déclara – il n’y a pas si longtemps que cela – qu’il ferait barrage de son corps mais les Syriens ne quitteraient pas le pays – je cite de mémoire mais je retrouverai sa citation intégrale.

Très vite, et bien avant Paris, le patriarche Sfeir se déclarera floué. L’opposition a immédiatement exclu les 4 candidats du ou proche du 14 Mars et dans un premier temps en garda deux : Michel Aoun et Michel Eddé.

Acte suivant, l’opposition, en chœur, déclare qu’elle n’a qu’un seul et unique candidat : Michel Aoun.

Samir Geagea ira jusqu’à dire : nous avons même été jusqu’à envisager d’accepter le cinquième nom, mais ils ne veulent même pas discuter.

Le Hezbollah ce soir affirme refuser de se rendre au Parlement s’il n’y a pas consensus sur un seul et unique nom celui du futur président de la République qui sera « élu » (!) par les députés. Et ce candidat devra bien évidemment être Michel Aoun. Nous pensions que le Liban était « l’unique démocratie » de la région.

Bien joué pour l’opposition et bien mené par ses mentors, qui pensent ainsi obliger la majorité à accepter Michel Eddé qui sera au mieux un Emile Lahoud bis, le bagou et une certaine culture en plus.

Si un tel scénario devait, à Dieu ne plaise, aboutir, cela voudra dire 6 ans au cours desquels nous vivrons ce que nous vivons aujourd’hui : toutes les institutions nationales sont bloquées et avec elles la vie économique, diplomatique, sociale… l’unique secteur en expansion exponentielle : l’immigration définitive des jeunes et des Chrétiens.

Gagner ou perdre l’élection présidentielle n’est qu’un début. Dès le lendemain il faudra penser à la formation du gouvernement. Qui sera le prochain Premier ministre ? L’opposition obtiendra-t-elle ce qu’elle exige, le tiers de blocage ? Viendront après la formation du Tribunal international et dans 18 mois la nomination du prochain commandant en chef de l’armée qui, selon le dernier discours de Hassan Nasrallah, devra d’abord protéger les armes du Hezbollah. Mission d’ailleurs exigée du prochain Président qui devra d’abord et avant tout rejeter les résolutions internationales comme la 1559 et vider de son sens la 1701. « Personne au monde ne pourra désarmer le Hezbollah », avait menacé Nasrallah.

Paris a pesé de tout son poids pour trouver une solution dans les délais et dans la forme la plus proche du respect des institutions en tentant de sauver le maximum des acquis de la révolution du Cèdre. Nous n’avons pas besoin d’attendre le 24 novembre pour découvrir que nous avons déjà beaucoup perdu.

Pour Paris « c’est la dernière tentative pour éviter l’échec de la médiation française », écrivait notre confrère arabophone An-Nahar. Mais Paris n’a pas les moyens de sa politique, de ses ambitions. « Malgré ses efforts, la France, devenue une puissance moyenne, manque de carottes comme de bâtons pour s’imposer comme autrefois au Liban, et doit compter sur un allié américain miné par la débâcle irakienne. »

Nous pouvons facilement imaginer les « carottes » mais les bâtons ? Kouchner menace de révéler qui est la partie, les parties, qui empêchent, bon déroulement de la présidentielle. Pourra-t-il mettre au moins cette menace à exécution ? On ne voit pas comment quand, pas un instant, sa pensée ne doit quitter les 1 600 hommes du contingent français de la FINUL.

Cette nuit, l’ambassadeur de France chargé du dossier libanais, Jean-Claude Cousseran, a été dépêché en urgence à Téhéran pour des entretiens, que beaucoup qualifient de la dernière chance, avec les ministres iranien et syrien des Affaires étrangères. Et Saad Hariri est à Moscou pour conférer avec les Russes qui ont, pour l’instant, l’oreille de Damas et de Téhéran.

Le président syrien, Bachar aL-Assad, a affirmé que la région entière était au bord de l’explosion si dans la recherche d’une solution on tentait de favoriser une partie contre l’autre. Ces propos rapportés par l’agence syrienne Sana, concernaient tous les dossiers régionaux,en tête desquels la présidentielle libanaise et le dossier palestinien à la veille de la conférence d’Annapolis.

C’est ce mercredi 21 novembre que le parlement libanais devrait se réunir. Sans nul doute la réunion sera reportée à vendredi prochain ou à encore plus tard selon plus d’un membre du Hezbollah ou encore le général Aoun. Plus tard cela veut dire l’inconnu ; le Liban théâtre de toutes les crises du Proche-Orient est seul.

MAROUN CHARBEL

 

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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 06:34

Liban: Ultime report avant le chaos?

Composition du parlement, qui doit désigner le président libanais
 

Patrice Deré AFP ¦ Composition du parlement, qui doit désigner le président libanais

 
La rumeur a circulé dès le début d’après-midi, ce mardi, avant d’être confirmée vers 16h30 (heure de Beyrouth): l’élection présidentielle libanaise, prévue demain mercredi, est reportée à vendredi, soit le dernier jour du mandat de l’actuel président libanais, le pro-syrien Emile Lahoud. Les députés libanais auront alors jusqu’à minuit pile, vendredi soir, pour sortir leur pays de la crise politique en vigueur depuis plus d’un an.

Côté majorité, plusieurs candidats sont déclarés, mais de nouvelles figures sont entrées en lice ces dernières heures, comme l’ex-ministre et PDG du quotidien francophone L’Orient-Le Jour, Michel Eddé, un proche du patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Un joker possible afin que les deux camps trouvent un accord de dernière minute.

Car pour l’instant, le fossé semble infranchissable entre le général Michel Aoun, allié du Hezbollah, qui se considère comme le seul candidat capable de renouer les liens entre tous les Libanais, et les ténors de la majorité. Parmi ces derniers, Saad Hariri est allé chercher aujourd’hui une solution à Moscou, soutien discret de l’Iran et de la Syrie sur l’échiquier proche-oriental.

Depuis 48 heures, le ballet diplomatique autour de la présidentielle libanaise donne en effet le vertige. Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, ne ménage pas sa peine. Auteur d’une médiation, mercredi dernier, auprès du patriarche Nasrallah Sfeir, il a généreusement rempli son emploi du temps mardi. Selon une source à l’ambassade de France à Beyrouth, il a rencontré – entre autres – le Premier ministre Fouad Siniora et le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, Nabih Berri le président du Parlement, et devrait s’entretenir en fin de journée avec des représentants du Hezbollah.

«Depuis le nouveau blocage de lundi, la situation est très très délicate, ajoute cette source. Bernard Kouchner est décidé à rester jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.» Dans les coulisses diplomatiques, l’optimisme n’est plus de mise. Car si les Libanais ne s’entendent pas d’ici vendredi, «samedi sera synonyme de chaos».


De notre correspondant au Liban, David Hury


20Minutes.fr, éditions du 20/11/2007 - 16h00

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20 novembre 2007 2 20 /11 /novembre /2007 20:05
Le Liban « au bord de l’abîme »

lundi 19 novembre 2007

Alain Gresh - Le Monde diplomatique

 (...)

Le pays est « au bord de l’abîme » a déclaré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon à l’issue de sa visite au Liban la semaine dernière. « La guerre civile silencieuse » qui, depuis plusieurs mois, déchire ce pays va-t-elle se transformer en guerre civile chaude ? Le 23 novembre à minuit, le mandat du président Emile Lahoud arrive à échéance, un nouveau président doit être élu avant cette date. Le pays est divisé en deux camps : le premier, qui soutient le gouvernement de Fouad Siniora, comporte une majorité des sunnites (autour de Saad Hariri), une majorité des druzes (autour de Walid Joumblat), une moitié des chrétiens maronites (autour de l’ancien président Amine Gemayel et de Samir Geagea). Ce camp est soutenu par les Etats-Unis et la France. En face, l’immense majorité des chiites (autour du Hezbollah et du président de la Chambre des députés), l’autre moitié des maronites (autour du Courant patriotique libre du général Michel Aoun) et une minorité de dirigeants sunnites et druzes. Il est soutenu par la Syrie et par l’Iran.

Le futur président doit être maronite. Il doit être élu par la Chambre en présence d’un quorum de deux tiers des députés. Mais la majorité actuelle ne dispose pas de deux tiers des députés. L’impasse constitutionnelle est donc totale.

A la demande de la France, le cardinal Nasrallah Sfeir, chef religieux des maronites, a présenté aux deux camps une liste de candidats à la présidentielle. Dans Le Figaro du 16 novembre, Thierry Oberlé, envoyé spécial à Beyrouth publie un article « Présidentielle libanaise : la liste du cardinal Sfeir », qui donne la parole à Sfeir : « "J’ai souscrit à contrecœur, après de nombreuses hésitations, à la proposition française de dresser une liste de candidats qui pourraient occuper le poste de chef de l’État", dit-il. Le principal représentant de l’Église romaine a décidé de descendre dans l’arène politique à reculons, gardant en mémoire le souvenir cuisant de l’élection présidentielle de 1988. En cette année de guerre civile, Nasrallah Sfeir avait déjà, sous la pression à l’époque de Washington, dressé une liste de postulants ; mais les noms avaient été finalement biffés. "Je m’étais fait beaucoup d’ennemis en me dévoilant", se remémore-t-il, sans exclure de subir à nouveau la même mésaventure. »

Mais le problème est avant tout politique. La majorité parlementaire actuelle a été acquise lors du scrutin de l’été 2005 : à cette époque, le Hezbollah s’était allié à des partis de la majorité actuelle contre Michel Aoun. De plus, et bien plus important, le pays (qui repose sur un équilibre confessionnel délicat) ne peut être gouverné par la moitié de la population contre l’autre ; il faut un consensus. Certains, dans le camp de la majorité (68 députés sur 127) souhaitent passer en force. Mais ce choix aboutirait inévitablement à la création d’un double pouvoir, car le président Lahoud se choisirait un successeur, soutenu par l’opposition.

Les asssinats de plusieurs députés et responsables de la majorité, les affrontements en chiites et sunnites à l’université en janvier, l’armement des milices dans les deux camps font craindre une escalade militaire qui entraînerait le pays dans une nouvelle guerre civile.

Mais la crise a une autre dimension internationale, qui complique toute recherche de solution. Un article du quotidien libanais en langue anglaise The Daily Star intitulé « Rice rejects compromise to solve Lebanese crisis » résumait la position américaine. La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice expliquait : « Je pense que l’on parle beaucoup de compromis en ce moment, il y a beaucoup de discussions. C’est bien, mais n’importe lequel des candidats pour la présidence ou tout président doit être engagé à l’indépendance et à la souveraineté du Liban, accepter les résolutions que le Liban a signé et mettre en oeuvre les engagements concernant le tribunal » chargé de juger les assassins du premier ministre libanais Rafic Hariri.

En fait, les Etats-Unis considèrent le Liban comme un simple front de la guerre mondiale contre le terrorisme, un front parmi d’autres : l’Afghanistan, l’Irak et la Somalie. Dans ce contexte, il faut qu’il y ait au Liban un vainqueur (représentant l’axe du Bien) et un vaincu. Cette vision manichéenne encourage, en face, en Syrie comme en Iran, les plus hostiles à tout compromis. Résultat : le Liban risque de faire les frais de cette vision globalisante et réductrice.

Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949)

Une nouvelle édition du livre de Dominique Vidal (avec la collaboration de Sébastien Boussois), aux éditions de l’Atelier, préface par Yehouda Lancry, ancien ambassadeur d’Israël en France. Dominique Vidal actualise son ouvrage qui s’appuie, pour l’essentiel, sur le travail des "nouveaux historiens" israéliens. Un chapitre nouveau est consacré au livre d’Ilan Pappé, Ethnic cleansing in Palestine (nettoyage ethnique en Palestine), qui sera traduit en français au printemps aux éditions Fayard. Dans une postface, Sébastien Boussois donne la parole à une grande diversité d’historiens israéliens, sous le titre, « De la "nouvelle histoire" au post-sionisme ».

(...)

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20 novembre 2007 2 20 /11 /novembre /2007 19:43
Les coups de sang beyrouthins de Bernard Kouchner
De notre envoyé spécial à Beyrouth Thierry Oberlé
19/11/2007 | Mise à jour : 21:35 |
Commentaires 31
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«Celui qui portera la responsabilité d’avoir bloqué le processus accepté par tout le monde» se verra imputer «la déstabilisation du Liban et ses conséquences régionales», a déclaré Bernard Kouchner.
«Celui qui portera la responsabilité d’avoir bloqué le processus accepté par tout le monde» se verra imputer «la déstabilisation du Liban et ses conséquences régionales», a déclaré Bernard Kouchner. Crédits photo : AFP

Les dirigeants politiques libanais ne sont toujours pas parvenus à un accord sur un candidat à l’élection présidentielle de mercredi, malgré la médiation française.

Le blocage de l’élection présidentielle libanaise tape sur les nerfs de Bernard Kouchner. Le chef de la diplomatie française est apparu excédé lundi, à la sortie de ses rendez-vous avec Saad Hariri, le patron de la majorité parlementaire, et Nabih Berri, président de la Chambre et fer de lance de l’opposition.

Les deux principaux interlocuteurs du ministre des Affaires étrangères ne sont pas parvenus à s’entendre sur un candidat de consensus à élire dès demain par les députés, à l’occasion d’une réunion de la dernière chance du Parlement.

Les tractations engagées par les dirigeants politiques libanais sur la base d’une liste fournie, sous la pression de Paris, par un médiateur, le cardinal maronite Nasrallah Sfeir, ont pour l’instant échoué. Il ne reste plus que quelques jours pour trouver un successeur au président prosyrien Émile Lahoud, dont le mandat arrive à échéance le 23 novembre à minuit, et empêcher le pays de basculer dans un inquiétant vide institutionnel.

Arrivé avant-hier à Beyrouth, Bernard Kouchner s’est dit agacé par les «brisures du camp chrétien». Des responsables maro­nites du mouvement du 14 mars, à l’origine du repli syrien après l’assassinat en 2005 de l’ex-premier ministre Rafic Hariri, avaient auparavant fait savoir qu’ils se sentiraient floués par l’émergence sur la scène présidentielle d’une personnalité qui ne serait pas l’un de leurs compagnons de route. «Ils craignent d’être les dindons de la farce», assure un observateur proche de Michel Edde, le PDG du quotidien L’Orient-Le Jour, considéré comme l’un des postulants les mieux placés sur la liste du cardinal Sfeir.

 

L’intransigeance d’Aoun

 

En face, Michel Aoun, candidat officiel à l’élection et allié des chiites du Hezbollah, affiche son intransigeance. Le général chrétien pèse sur l’échiquier politique libanais pour apparaître comme une solution de recours ou – au moins – monnayer au mieux de ses intérêts son retrait de la présidentielle.

«Celui qui portera la responsabilité d’avoir bloqué le processus accepté par tout le monde» se verra imputer «la déstabilisation du Liban et ses conséquences régionales», menace Bernard Kouchner. «La France s’étonne que quelque chose ait coincé, que quelque chose ait dérapé... La France fera savoir au monde entier qui est responsable de cette situation», ajoute-t-il.

«Les Français se trompent de méthode. Leur initiative s’effectue, comme nous le disons depuis le début, au détriment des véritables représentants de la communauté maronite. Ils ont mis une bombe dans les mains du cardinal Sfeir», répond en écho Simon Abi Ramia, un conseiller de Michel Aoun.

La partie ne se joue pas uniquement dans le camp chrétien. Le Hezbollah attend du futur président des garanties sur le non-désarmement sans préalable de ses forces armées et sur le maintien de ses prérogatives.

La Syrie conserve également, en dépit de son retrait du territoire, une capacité de nuisance in­tacte. Elle se serait engagée, selon Bernard Kouchner, en faveur d’un «bon déroulement de l’élection»...

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21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 21:50
Côte d'Ivoire: le régime Gbagbo sous le feu de critiques face aux soupçons de corruption

ABIDJAN (AFP) — Alors que la Côte d'Ivoire vit une relative accalmie, le régime du président Laurent Gbagbo se retrouve sous le feu des critiques, nourries par plusieurs affaires de blanchiment et de détournements de fonds présumés qui suscitent des doutes jusqu'à l'intérieur de son camp.

Pas un jour ne passe à Abidjan sans que les journaux ivoiriens ne fassent mention de diverses affaires qui éclaboussent des cadres du pouvoir.

Ils ont ainsi révélé la semaine dernière la découverte de malles pleines de coupures de faux billets de 100 dollars américain estimées à plus de deux milliards de FCFA (environ 3 millions d'euros) dans une résidence mitoyenne à celle d'un proche du président Gbagbo.

Cette affaire n'est que la dernière d'une série de scandales qui renforcent les soupçons de corruption galopante à l'intérieur du régime, notamment dans la filière cacao, l'une des principales sources de richesses du pays.

Celle-ci est agitée depuis plusieurs mois par la mobilisation d'un groupe de producteurs qui dénoncent le "pillage systématique" de l'argent de la filière par ses dirigeants, jusqu'ici soutenus par le pouvoir, des détournements également régulièrement dénoncés par des rapports internationaux.

Ils en veulent pour preuve l'affaire Fulton, où l'une des structures de gestion de la filière est accusée d'avoir détourné près de 100 milliards de FCFA (152 millions d'euros) prévus au départ pour racheter une usine de cacao aux Etats-Unis.

Les détracteurs du président y voient la preuve d'un régime qui privilégie l'enrichissement de ses cadres au détriment de la population, qui subit de plein fouet la hausse des prix et le déclin des indicateurs sociaux.

"L'éthique et la morale ont déserté le pays. Le culte de la médiocrité est devenu la règle. Mais (le président Gbagbo) s'en fout", dénonçait vendredi le journaliste et écrivain Venance Konan, dans les colonnes du journal d'opposition Le Nouveau Réveil, en dénonçant le gaspillage de l'argent tiré des ressources du pays, notamment du cacao et du pétrole.

Chose nouvelle, cette amertume semble également avoir saisi certains partisans du président.

La réaction la plus virulente est venue début août du président de l'Assemblée nationale, et à ce titre numéro deux du régime, Mamadou Koulibaly. Il a publiquement dénoncé l'ampleur de la corruption au sein du Front populaire ivoirien (FPI, le parti de M. Gbagbo, ndlr), à l'opposé des objectifs affichés à son arrivée au pouvoir en 2000, dans une longue tribune publiée par le quotidien gouvernemental Fraternité Matin.

"A l'époque, nous envisagions de conduire les faussaires et autres criminels devant les tribunaux; aujourd'hui nous leur dressons la table pour qu'ils viennent faire ce à quoi nous nous sommes laissés aller: +manger+", c'est-à-dire se servir, regrettait-il.

Face à ces affaires, M. Gbagbo est sorti de sa réserve mercredi soir en demandant des enquêtes à la justice ivoirienne, notamment dans la filière cacao, en affirmant qu'il ne laisserait pas "la pagaille s'(y) installer".

Ses opposant craignent toutefois que ces affaires visant le régime ne soient vites enterrées par la justice locale. Craignant un tel cas de figure, les producteurs de cacao protestataires réclament ainsi la mise en place d'une commission d'enquête internationale sur le secteur.

D'autres sont sans illusions, comme Venance Konan, qui estime que le chef de l'Etat "a achevé (mercredi soir) de convaincre ceux qui avaient encore des doutes sur son incompétence pour diriger un pays comme la Côte d'Ivoire".

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21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 21:46
Vers un nouveau report de la présidentielle au Liban
Reuters 20.10.07 | 23h18


Par Nadim Ladki et Laila Bassam

 

BEYROUTH (Reuters) - Le Parlement libanais va de nouveau reporter l'élection d'un nouveau chef de l'Etat prévue la semaine prochaine afin de donner aux factions rivales, pro et antisyriennes, une chance de s'entendre sur un candidat de compromis, déclare-t-on de sources politiques.

Il s'agirait du second report de l'élection présidentielle, obstacle de taille à surmonter pour en finir avec onze mois de crise politique opposant la majorité au pouvoir, antisyrienne, à l'opposition conduite par le Hezbollah pro-syrien.

Cette crise est la plus grave depuis la guerre civile de 1975-1990. Si un président n'est pas élu d'ici à l'expiration du mandat du pro-syrien Emile Lahoud, le 23 novembre, certains craignent que le pays se retrouve avec deux gouvernements rivaux - et les effusions de sang qui peuvent en résulter.

Les ministres des Affaires étrangères espagnol, italien et français ont rencontré samedi plusieurs dirigeants libanais pour les presser de trouver une solution sur le choix du président.

"La séance n'aura pas lieu mardi, de façon à ce que les factions aient plus de temps pour convenir d'un candidat de compromis. Cela annonce un dénouement positif", a indiqué à Reuters une source politique. Une autre source a confirmé l'information.

"DIALOGUE POSITIF"

Le 25 septembre, les députés d'opposition avaient boycotté le Parlement pour empêcher que le quorum de deux tiers des députés présentés soit atteint et que les factions antisyriennes, qui ont ensemble une courte majorité, élisent un nouveau chef de l'Etat.

Les soutiens étrangers du Premier ministre Fouad Siniora, au premier rang desquels les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, souhaitent que Lahoud soit remplacé par un antisyrien.

Sept personnalités antisyriennes ont été assassinées depuis l'attentat qui a coûté la vie à l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005. Les dirigeants antisyriens libanais tiennent Damas pour responsable de ces actes criminels, mais la Syrie dément catégoriquement.

Les trois ministres des Affaires étrangères, dont le Français Bernard Kouchner, ont rencontré le président du parlement, Nabih Berri, dirigeant du groupe chiite Amal (opposition), ainsi que Siniora et le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, dont l'influence est loin d'être négligeable.

Ils ont ensuite rencontré des dirigeants de parti et des représentants de tout l'échiquier politique à la résidence de l'ambassadeur de France.

"Nous avons tous eu le sentiment que la situation s'améliorait, évoluait vers le mieux", a dit Kouchner après la dernière réunion. Il a fait état d'un "dialogue positif", notant que les leaders en présence étaient prêts à négocier entre eux sur les points de désaccord afin de parvenir à une solution.

Un peu plus tôt, les ministres avaient rendu visite à leurs contingents respectifs au sein de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban), qui a été renforcée l'an dernier aux termes d'une résolution qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah.


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13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 09:49
Présidentielle libanaise : l'introuvable candidat
Beyrouth S. R..
 Publié le 13 octobre 2007
Actualisé le 13 octobre 2007 : 21h10
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Le général Michel Sleimane.
Zoom +
Le général Michel Sleimane.
Mussawi/AFP.

Après le ramadan, les Libanais vont retrouver leur casse-tête électoral.

 
DÈS LA FIN DE LA FÊTE du Fitr qui célèbre le dernier jour du mois du ramadan, les contacts devraient reprendre de plus belle entre l'opposition et la majorité afin de résoudre l'épineux problème de l'élection présidentielle libanaise. À son retour d'une tournée à l'étranger où il a une nouvelle fois engrangé les soutiens de George Bush, Nicolas Sarkozy, Ban Ki-moon et du roi Abdallah d'Arabie, le chef de la majorité, Saad Hariri, est censé entamer des négociations avec le président du Parlement, Nabih Berri, mandaté par l'opposition, le président étant élu par les députés.
 
Le mot d'ordre officiel, de part et d'autre, est de respecter l'échéance constitutionnelle, en organisant le scrutin dans les délais, c'est-à-dire avant la fin novembre. Une première séance parlementaire convoquée le 25 septembre a été ajournée au 23 octobre à défaut de quorum. Mais la plupart des observateurs s'accordent à dire que le nouveau rendez-vous ne sera pas davantage concluant.
 
De fait, il règne encore un grand flou autour de la notion de candidat « de grand rassemblement » que tout le monde appelle de ses voeux, à l'instar du président français cette semaine. Certains ténors de la majorité se disent même ouvertement opposés au principe d'un compromis, tel le Druze Walid Joumblatt, pour qui la majorité doit imposer son homme et ne pas céder à ce qu'il qualifie de chantage criminel de la part de la Syrie, accusée de commanditer depuis trois ans des attentats meurtriers au Liban. D'autres sont persuadés de pouvoir amener l'opposition à accepter un candidat « de compromis » émanant des rangs de la majorité. Personne ne se résout publiquement à ce stade à désigner un « non-aligné ».
 
Risque de déliquescence de l'État
 
Deux raisons à cela : les candidats potentiels sont assez peu nombreux, ou alors leur neutralité est mise en doute ; et le risque est de porter atteinte à la fonction présidentielle si le choix se porte sur une personnalité trop « consensuelle », un argument qui fait surtout mouche parmi les chrétiens à qui se poste revient.
 
L'imbrication des enjeux régionaux et internationaux complique encore les choses, puisque derrière les parties libanaises, ce sont deux axes stratégiques opposés qui cherchent à marquer des points. D'un côté, les États-Unis, alliés à l'Arabie saoudite et d'autres États arabes, sans oublier Israël. De l'autre, l'Iran et la Syrie, dont le principal appui au Liban est le Hezbollah. À l'exception probable de Damas, tous semblent toutefois conscients du risque de déliquescence accéléré de l'État libanais si le scrutin n'a pas lieu. Or aucun des deux camps n'est en mesure d'imposer sa volonté à l'autre. Les Forces du 14 mars sont certes majoritaires au Parlement, mais elles n'ont pas un nombre de députés suffisants pour assurer le quorum des deux tiers, sans lequel l'opposition jugera l'élection illégitime.
 
Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a tenté une ultime mission de conciliation entre les leaders chrétiens de la majorité et de l'opposition, son souci étant d'éviter que leur discorde n'accentue leur marginalisation politique. Mais, signe de la gravité des dissensions, il n'a pas réussi à les réunir tous en même temps et a dû les recevoir successivement hier et avant-hier.
Le général Sleimane, possible homme de compromis
Beyrouth Sibylle RIZK.
 Publié le 13 octobre 2007
Actualisé le 13 octobre 2007 : 06h00

 

 
EST-CE une stratégie politique ou la simple observance du devoir de réserve des militaires ? Le général Michel Sleimane est le « grand muet » du Liban, même si son nom est régulièrement évoqué comme possible « candidat de compromis » à la présidence de la République. Son silence contraste avec l'omniprésence médiatique des prétendants officiels et officieux, tous des chrétiens maronites, comme le veut la tradition institutionnelle. Le commandant en chef de l'armée n'accorde pas d'interview et la moindre de ses déclarations est disséquée par les médias. Il en ressort toujours une même thématique : la nécessité de l'union nationale et la volonté d'apparaître à équidistance de l'opposition et de la majorité. Pour les observateurs, ce positionnement est un acte de candidature implicite.
 
Discret, peu charismatique, Sleimane est très mal connu du grand public, ce qui accroît paradoxalement sa popularité, une grande partie des Libanais aspirant au renouvellement de leur classe politique. Il a surtout réussi à renforcer le statut de l'armée au cours des trois dernières années, particulièrement tendues, qu'a traversées le pays. En maintenant le corps militaire à l'abri des crises successives qui ont paralysé la quasi-totalité des institutions libanaises, il a éloigné le spectre de la dislocation de l'armée sur des bases confessionnelles qui avait été la première manifestation de l'éclatement de la guerre de 1975-1990.
 
La carrière, sans éclat, de Michel Sleimane, aujourd'hui âgé de 58 ans, est celle d'un vrai militaire : il a commandé des unités sur le terrain, effectué un passage dans le renseignement et été secrétaire d'état-major. C'est en 1998 qu'il est nommé commandant en chef, succédant à ce poste à Émile Lahoud, élu président de la République. Il doit cette promotion à sa bonne entente avec l'armée et les renseignements syriens qu'il a notamment côtoyés dans la région frontalière de la Bekaa, Damas exerçant alors un contrôle étroit sur les institutions libanaises, surtout les forces de sécurité.
 
« Un sans-faute »
 
Son comportement lors de la manifestation géante du 14 mars 2005, un mois après l'assassinat de Rafic Hariri, qui a catalysé le départ des troupes syriennes du Liban, a toutefois grandement atténué l'image « d'homme de Damas » ou de « deuxième Lahoud » que lui accolent toujours les anti-Syriens les plus farouches. Refusant d'obéir aux ordres de l'exécutif, resté allié de la Syrie, il n'a rien fait ce jour-là pour empêcher le rassemblement de plus d'un million de Libanais, dans le centre-ville de Beyrouth, laissant au contraire les soldats fraterniser avec les manifestants. De façon symétrique, il a refusé en janvier 2007 de disperser les partisans de l'opposition qui avaient décrété une grève générale et occupaient les principaux axes routiers du pays. Il s'était alors attiré les foudres de certains membres de la majorité parlementaire qui ont envoyé leurs propres hommes de main affronter les manifestants.
 
Deux autres événements ont contribué à forger la stature présidentiable de Michel Sleimane. Le premier est le déploiement de l'armée dans le sud du Liban, en application de la résolution 1701 qui a mis fin à l'offensive israélienne de l'été 2006 : « un sans-faute, une véritable surprise », selon un expert occidental. Les soldats ont repris le contrôle de la frontière avec Israël qu'ils avaient perdu depuis quarante ans. Michel Sleimane avait posé comme seule condition de ne pas avoir à croiser le fer avec le Hezbollah.
 
La longue bataille du camp palestinien de Nahr-el-Bared a ensuite fait rejaillir sur sa personne l'élan patriotique sans précédent dont a bénéficié l'armée, aux prises pendant plus de trois mois avec les islamistes du Fatah al-Islam. Les affrontements, particulièrement difficiles pour des soldats sous-équipés et peu préparés au combat urbain, ont fait 168 morts dans les rangs militaires.
 
Les déclarations de Michel Sleimane, une fois la victoire acquise, ont toutefois nettement réduit son crédit auprès de la majorité parlementaire : plutôt que d'accuser comme elle la Syrie d'avoir manipulé le Fatah al-Islam, il a affirmé avoir combattu une véritable branche d'al-Qaida au Liban. Pire aux yeux de la majorité, il a renvoyé dos à dos l'hypothèse syrienne et celle d'un appui émanant de « parties gouvernementales libanaises », à savoir le Courant du futur de Saad Hariri, une thèse entretenue par l'opposition.
 
S'il a eu le vent en poupe pendant de longues semaines, les chances du général Sleimane sont désormais moins évidentes, d'autant que son élection nécessite un amendement de la Constitution. Mais il pourrait être choisi en dernier ressort, s'il apparaît comme la seule alternative au vide institutionnel, disent les analystes. Autre possibilité : à défaut d'élection, il serait chargé de conduire un gouvernement de transition, sur le modèle de ce qui s'était passé en 1988.
 

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